Qu’est-ce que le permafrost, et pourquoi est-il important ?

Depuis des milliers d’années, la surface de la terre est recouverte par des blocs de matières gelées, constitués de minéraux, d’argile, de végétaux et de glace. Si cet ensemble reste inférieur à 0°C pendant au moins deux ans, on parle de permafrost (ou pergélisol en français). A l’heure actuelle, on estime que plus de 20% de la surface du globe est constituée de permafrost, en grande partie dans le Nord. Cependant, des endroits censés ne jamais fondre sont en train de se réchauffer à cause du dérèglement climatique, ce qui pourrait avoir de graves conséquences si on ne fait rien pour agir !

Qu’est-ce que c’est le permafrost ?

Le permafrost est un matériau qui peut recouvrir tout type de surface, comme les roches ou encore les sédiments. Sa température est en permanence inférieure à 0°C durant au moins deux ans. Comme tu dois l’imaginer, on trouve une grande majorité du pergélisol sur les continents nordiques. Selon les estimations, il couvre 90% du Groenland, 80% de l’Alaska, 50% du Canada et de la Russie.

Le permafrost est constitué de trois couches, ce qui lui permet de rester gelé en permanence. La première est située en surface ; il s’agit de la couche active. Il est fréquent que cette couche dégèle car ses températures peuvent dépasser le seuil des 0°C, notamment en été. Juste en dessous, à une profondeur assez importante, se trouve le permafrost lui-même, censé ne jamais fondre. Enfin, on retrouve la base du permafrost, composé de substrat rocheux non gelé.

En fonction de l’endroit où l’on se trouve, la couche de pergélisol sera plus ou moins importante. Ainsi, en haute altitude (soit plus de 3500km), comme en Alaska, au Canada ou en Sibérie, il sera beaucoup plus épais et continu. Sa profondeur peut atteindre plusieurs centaines de mètres. Tandis qu’en altitude, comme dans les Alpes, il est souvent moins épais et discontinu. Tu l’auras compris, plus l’endroit est hostile et froid, plus le pergélisol sera imposant. 

Les différentes couches du permafrost
Les différentes couches du permafrost

La disparition progressive du pergélisol : vers un point de « non-retour » ?

A cause du dérèglement climatique, la température moyenne de la couche active a augmenté de 3°C en 100 ans. Les conséquences sont, bien évidemment, une fonte précoce et inattendue du pergélisol. Pourtant, ce n’est pas une si grosse surprise : à l’instar des glaciers, le permafrost est sensible aux changements de température : plus elle augmente, plus les milieux gelés se réchauffent.

Il existe une autre cause à leur fonte : les scientifiques ont constaté que plus la neige est abondante en hiver, moins le sol se refroidit. Or, depuis une dizaine d’années le manteau neigeux est de plus en plus important dans les pays nordiques. Par conséquent, la température du permafrost augmente dangereusement et tend à dépasser les 0°C. 

Le Centre national pour la recherche atmosphérique affirme que plus de 50% du permafrost pourrait fondre d’ici 2100. D’autres données tendent à démontrer que ce pourcentage pourrait être de 90%

Au niveau scientifique, le dégel permet de grandes découvertes mais aussi d’améliorer les connaissances sur l’histoire et l’évolution. Par exemple, treize virus inoffensifs datant d’entre 27.000 et 48.500 ans ont pu être ramenés à la vie, comme Pithovirus sibericum et Mollivirus sibericu, deux virus géants de Sibérie vieux de 30.000 ans. Des organismes multicellulaires ayant entre 24.000 et 40.000 ans ont réussi à retrouver leurs fonctions vitales tandis qu’une plante du Pléistocène supérieur s’est réveillée après 32.000 ans. Enfin, un ours gelé de 35.000 ans, entièrement fossilisé et en excellent état, a pu être disséqué par les scientifiques. 

Falaises de permafrost sur l’île de la Grande Lyakhov
Falaises de permafrost sur l’île de la Grande Lyakhov

Les conséquences inquiétantes de la fonte du permafrost

La composition du permafrost laisse craindre de graves conséquences en cas de fonte. Et ce tant pour l’environnement que pour les êtres humains. En effet, le pergélisol contient du dioxyde de carbone (deux fois supérieure à celle contenue dans l’atmosphère), du mercure et du méthane (en 2015, le CNRS l’estimait à 1.700 milliards de tonnes). Lors du dégel, ce sont tous ces éléments qui risquent de se répandre dans l’atmosphère. Ainsi cela renforcera le dérèglement climatique et augmentera les températures mondiales. 

En outre, le permafrost est également composé de bactéries, parasites et virus disparus depuis longtemps mais qui ont réussi à survivre dans des cadavres gelés pendant des millions, voire des milliards d’années. Plus le pergélisol va fondre et plus les virus et bactéries seront anciens et inconnus. Par exemple, en 2016, au nord de la Russie, un garçon de 12 ans est mort de l’anthrax. Cette maladie ayant disparue depuis plus de 70 ans. Selon les scientifiques, le cadavre d’un renne contaminé a été conservé dans un parfait état dans le permafrost. Quand celui-ci a dégelé, des milliers de rennes ont attrapé le virus. 

Enfin, il y aura des conséquences pour les infrastructures, comme les ponts, les maisons ou encore les routes. En effet, ces derniers ont été construits directement sur le permafrost ; sa fonte entraînera donc des érosions côtières, des écroulements, des affaissements de terrains, ou encore, comme en 2021, l’enfoncement dans le sol d’un réservoir contenant 21.000 tonnes de gazole, ce qui a causé une pollution des rivières et des zones alentours. 

Pour diminuer les émissions mondiales de CO2, l’Union européenne s’est ainsi engagée à les réduire de 40% d’ici 2030 par rapport à 1990. La France vise quant à elle la neutralité carbone d’ici 2050.

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